Une histoire de safari

J’avais déjà eu la chance de faire un safari en Afrique par le passé, mais ce fût ma première fois avec un guide, envoyé par l’agence de safari à laquelle j’avais fait appel. Déjà, les premiers contacts n’avaient pas été glorieux mais sans partir dans les détails, aucun moyen de faire appel à quelqu’un d’autre donc il suffisait de voir ce que ça allait donner. Je n’étais pas inquiète au début que la personne qui allait m’emmener au travers de la réserve pendant trois jours, n’était pas réellement un « ranger », parce que selon moi cela n’enlève en rien les compétences et l’amour de la nature chez quelqu’un. 

Cependant, malgré ma bonne volonté, ce fût une grande désillusion.

Ce n’est pas parce que des gens travaillent dans le milieu du safari ou organisent des rencontres animales en pleine nature, qu’ils sont pour autant respectueux de l’environnement ou des animaux. Malheureusement, c’est l’expérience que j’ai vécu avec ce guide. Cela m’a demandé un grand travail de ne pas tomber pleinement dans le jugement. Cet homme faisait en fait volontairement du bruit pour que les animaux bougent, je pense, pour satisfaire l’envie des clients de « voir les animaux courir ». Ce que je peux comprendre mais évidemment, cela n’était pas mon souhait.

Malgré mes demandes incessantes à cette personne de cesser de klaxonner ou de taper la portière de la Jeep etc pour activer les animaux (et donc les déranger), rien n’y faisait. J‘ai dû lâcher prise et passer au-delà de cela pour quand même profiter de mon safari (et autant dire que ça a été très compliqué quand même). 

Si j’ai envie de vous parler de cela aujourd’hui, c’est simplement pour mettre en avant l’importance de ne pas déranger les animaux en général, notamment les animaux sauvages, et cela me semble évident mais ça ne l’est pas pour tout le monde apparemment : même quand ils sont en pleine nature dans leur environnement.

la honte

Cette histoire ne s’arrête pas à ce guide, mais concerne au contraire beaucoup d’êtres humains qui, parfois sans s’en rendre compte, sont très envahissants et irrespectueux lorsqu’ils sont en contact avec la nature et les animaux. Et je pense que chacun d’entre nous vivons ces phases durant lesquelles, plus ou moins consciemment, nous nous imposons bien au-delà de notre place. 

Un après-midi, juste après le déjeuner, le guide nous informe qu’il a vu des lions pas loin et qu’il allait nous y emmener durant le safari du soir. J’étais ravie évidemment, et nous sommes donc partis à la recherche du lion. Nous l’avons trouvé, en-dehors des pistes destinées aux touristes et véhicules associés. Le chauffeur avait décidé de faire rapidement du hors piste pour que nous puissions mieux voir le lion (même si nous disions que ça n’était pas la peine), pratique souvent faite pour satisfaire les touristes. Finalement, nous voilà à 50 cm d’un jeune lion, couché, en train de se reposer tranquillement (c’est celui de la photo hehe). 

Honnêtement, j’étais déjà bien mal à l’aise mais j’ai essayé d’accepter la situation, sachant que ce monsieur faisait probablement ce qu’on lui avait appris et demandé tout au long de son expérience de guide de safari. Mais au bout d’un moment, il s’est mis à taper sur la portière, pour faire du bruit et pour que le lion ouvre les yeux (il dormait), ou qu’il se lève. Ce moment fût pour moi d’une grande violence.

Parce que j’ai eu profondément honte d’être dans ce véhicule dérangeant devant ce lion que je voulais pourtant respecter du mieux possible. Parce que la honte d’être humaine et donc « négative » pour les animaux dans ce type de situation, par mon envie de faire un safari etc., m’est monté rapidement dans le plexus. Parce que j’ai aussi ressenti une colère si forte envers cet homme, mais ne pouvais rien faire.

BEAUCOUP D’ÉMOTIONS, DE JUGEMENTS, DE HONTE, D’INCONFORT.

Mais au final ce fût une expérience intéressante, parce que j’ai pu observer à quel point je pouvais me juger facilement et « rabaisser l’humanité » en une fraction de seconde. 

Parce que j’ai pu apprendre aussi à lâcher prise, tout au long des nombreuses autres expériences irrespectueuses envers les animaux que j’ai vécu ces trois jours-là.

Parce que cela m’a permis de me rendre compte encore une fois à quel point les humains peuvent manquer de bon sens, de délicatesse, de respect et de conscience face aux animaux, notamment les animaux sauvages. Qui bien trop souvent, et beaucoup dans l’industrie du safari, passent pour bien plus accessibles qu’ils ne le sont.

la nécessité de respecter les animaux sauvage

Aujourd’hui, j’ai simplement envie de rappeler que respecter les animaux sauvages est important. Respecter l’espace de l’animal, c’est quelque chose que nous devons apprendre et si cela peut paraître évident pour certains concernant la faune sauvage, ça l’est beaucoup moins concernant les animaux domestiques. 

C’est pourtant la même chose.

Les animaux ont besoin d’espace et que leurs limites soient respectées. Ce lion qui dormait paisiblement n’avait absolument pas besoin que des humains viennent le déranger, pour le pousser à entrer en action et donc « faire de meilleures photos ». Comme d’autres dans les eaux turquoises du monde peuvent aller déloger les tortues qui se nourrissent dans le fond de l’eau pour les faire remonter à la surface, afin que les touristes puissent les voir et les filmer. 

Tout cela est difficile pour les animaux et d’un grand manque de respect.

Je pense qu’il est très important, quand on se trouve dans un environnement avec des animaux (domestiques, au sein d’un parc animalier, espèces sauvages), qu’on se demande quelle posture on prend avec eux. Comment on agit, quelle place on prend, comment on les considère, si on les respecte ou non.

En tant qu’humains, et je m’inclus dedans évidemment, nous avons beaucoup de travail à faire quant au respect de l’animal, même quand on pense « qu’on ne fait rien de mal », souvent, nous sommes envahissants et agaçants. Et ça, les animaux sauvages me l’expriment souvent lors des communications animales ! 

NOUS DEVONS APPRENDRE À FAIRE ATTENTION ET À GAGNER EN CONSCIENCE.

Pour les respecter davantage.

Et au final, pour mieux nous connecter à eux (sans avoir besoin de nous imposer).

accueillir le désagréable pour observer ses enseignements

Au final ce safari fût magnifique malgré ces aspects difficiles pour moi à gérer, grâce aux merveilleux animaux que j’ai eu la chance de rencontrer et qui, malgré le comportement envahissant du chauffeur, ont fait preuve d’une grande patience pour que je puisse malgré tout les observer quelques instants.

Les moments désagréables comme cet exemple de mon expérience ici, sont des instants à observer parce qu’ils regorgent d’enseignements. Ce qui se passe n’arrive pas par hasard et les sensations que cela fait remonter en soi, non plus. J’ai réalisé que j’avais encore en moi une énergie de rejet envers l’humain qui, même si effectivement dans ce cas-là le guide avait un comportement que l’on peut juger d’irrespectueux pour les animaux, j’ai moi-même été dans un jugement instantané de cette personne. 

J’ai encore un grand chemin à faire pour que ma réaction face à l’humain soit bien moins épidermique, quand cela concerne les animaux. Même si ce chemin, j’en ai déjà fait un bon morceau !

Observez comment vous vous comportez